Presque tous les mois, nous recevons un mail nous demandant, grosso modo, combien ça coûte. Et c’est vrai qu’à l’époque où ce projet était encore un doux rêve, on avait écumé les forums à la recherche d’infos précises sur le sujet « budget » sans grand succès. En ces temps reculés, quand les gens apprenaient qu’on s’en allait et qu’on avait réussi à les convaincre que ce n’était pas une blague, on avait en général droit à un “t’as de la chance, je ferais pareil si je pouvais”. Sauf que c’est surtout une question de volonté, et que l’excuse habituelle (les sous) n’en est pas vraiment une…
La voile, ça a l’air d’un truc de millionnaire style polo ou golf (les sports, pas les voitures), mais en fait, à moins de vouloir faire le tour du monde sur un trois mâts avec un skipper, un cuistot et une masseuse salariés, c’est plutôt gérable.
Acheter un bateau type « tour du monde » : combien ça coûte ?
Tout est possible, mais voici en gros une échelle de valeur approximative pour les néophytes complets :
- 20.000€, un vieux bateau de voyage avec énormément de travaux. A ce prix-là, il va falloir passer quelques années à bricoler soir et week end tout en faisant de la récup’ dans les poubelles des chantiers nautiques ou sur leboncoin. L’équipement ne sera pas dernier cri, il y aura peut-être quelques concessions sur le confort ici ou là, mais ça suffit pour naviguer au long cours en toute sécurité. Et bien sûr, les paysages et les étapes sont exactement les mêmes qu’avec un bateau 10 fois plus cher. Depuis le début de notre périple, nous avons croisé deux couples dans cette situation, les deux avec des voiliers magnifiques (Le Poulpe, c’est de vous qu’on parle !)
- 20.000€. Le prix d’un bateau à 200.000€ dont le proprio pense qu’il en vaut dix fois moins. On connaît des gens qui ont fait ce type d’affaire, mais il faut fouiner dans les chantiers nautiques à l’affût de l’occasion en or. Et il faut aussi avoir du temps devant soi. Et bien sûr il faut s’y connaître pour ne pas acheter n’importe quoi ! Souvent, ces bateaux ne sont pas (encore) « à vendre », mais le propriétaire, parfois via un héritage, ne crache pas sur quelques dizaines de milliers d’euros venus de nulle part, même s’il pourrait en tirer bien plus.
- 50.000€, un bateau de voyage rustique mais plus ou moins prêt à partir. Pas de miracle à ce prix, on remonte l’ancre à la main (ça fait les bras!), on se lave ensuite à l’eau de mer (pas de dessalinisateur) avant de se rincer à l’eau douce froide (pas de chauffe-eau). Les cabines sont humides (pas de chauffage), on n’y tient pas debout à moins d’être petit (pas de hauteur sous barrot), il faut se contorsionner pour rentrer dans les toilettes, toilettes que l’on videra bien entendu avec une pompe manuelle. Alors certes, c’est probablement moins confortable qu’un appartement – c’est aussi beaucoup moins cher – mais la liberté est peut-être à ce prix. Et puis, comme le dit l’adage, « petit bateau, petits soucis ». Pour tester ce genre de vie grandeur nature, facile, il suffit de réserver un stage dans une école de voile type Glénans. Ensuite, quand on passe de six à deux à bord, on a l’impression d’être dans un palace ….
- 200.000€ et environ cinq ans de travail à plein temps (en plus de votre vrai travail bien sur) : construire soi même son voilier, c’est possible (nos amis de Huapaé l’ont fait) En ordre d’idée, vous aurez un voilier neuf, probablement en acier ou en CP-Epoxy, à moitié prix, sans compter la main d’oeuvre bien sur. Vous aurez surtout la satisfaction d’avoir construit vous même votre maison, et une sacré longueur d’avance sur le commun des mortels pour les réparations. Attention, la grande majorité de ceux qui se lancent dans l’aventure jettent l’éponge assez vite (et on rencontre souvent des annonces de voiliers à terminer)
- 200.000€. Le prix d’un bateau à 500.000€ une demi douzaine d’années plus tard. C’est un peu paradoxal car le voilier a déjà essuyé tous les plâtres du bateau neuf, et a probablement profité de toutes les petites astuces et améliorations des propriétaires successifs, et – s’il a été bien entretenu – est dans un état quasi neuf.
- 500.000€. Le prix d’un bateau à 200.000€ six ans plus tôt … Plus sérieusement, pour ce tarif, on a un voilier de 45 pieds parfait pour le grand voyage. Boreal 47, Garcia Exploration 45, etc. Oui, je sais, ils sont beaucoup moins chers en prix « catalogue », mais une fois rajouté tout l’équipement nécessaire, on dépasse allègrement le demi-million.
Entre 50.000€ et 200.000€, on trouve bien sur de tout ! En descendant sous les 40 pieds ou en jetant son dévolu sur un voilier bien entretenu mais de plus de 30 ans, il est tout à fait possible de viser le bas de la fourchette !
Pour nous, le choix de la raison était de prendre un bateau très bien équipé, mais avec une quinzaine d’années derrière lui. Il revenait d’un tour de l’Atlantique (relaté ici par le précédent propriétaire) et aurait pu repartir tel quel. Coût total de l’opération achat+travaux, à peine plus de 200.000€. C’est cher, mais nettement moins qu’un appart à Paris.
A noter que, sauf dans le cas d’un bateau neuf, l’argent du bateau est immobilisé, pas dépensé. Un bateau de 15 ans et un bateau de 16 ans valent à peu près la même chose, pour peu qu’on en ait pris soin…
Nous avons aussi écrit un article sur le choix du voilier proprement dit (monocoque ou cata, alu ou plastique, neuf ou occase, etc.)
Quid de la prétendue règle des 10% ?
Pour ceux qui ne savent pas de quoi je parle, on entend souvent dire qu’il faudrait compter 10% de la valeur du voilier en maintenance et réparations, tous les ans. Si l’emploi du conditionnel et de l’adjectif « prétendue » ne vous ont pas mis sur la piste, laissez-moi l’écrire en toute lettres : c’est de la m…
Un bateau en aluminium vaut deux fois le prix d’un bateau identique en plastique, pour des budgets maintenance évidemment comparables. Un bateau coûtera moins cher en entretien deux ans après sa sortie du chantier, que dix ans plus tard, pour une valeur pourtant supérieure … etc.
En ce qui concerne Lucy, qui vaut environ 200.000€, nous avons dépensé 15% de sa valeur la première année, mais nous avons changé le mouillage (guindeau, chaîne et ancre), fait réviser le gréement, installé un deuxième pilote, un émetteur AIS, une antenne 4G, une machine à laver et un chauffage diesel … bref, c’était plus un refit complet qu’une année normale.
La maintenance d’un voilier est soit un gouffre financier soit un gouffre temporel. A moins d’être millionnaire, apprendre à bricoler et à réparer son voilier est une obligation. Au passage, au milieu du Pacifique, toutes les American Express du monde ne feront pas redémarrer un moteur récalcitrant. Si vous entretenez bien votre voilier et que vous faites tout vous-même, avec juste un appel à un pro une fois de temps en temps pour les travaux les plus pointus, vous ne dépenserez que quelques milliers d’euros par an. Un coup dur par-ci par-là (une grand voile à changer par exemple), le tout venant (un pare-battage à remplacer, un feu de mouillage qui grille, la vidange, les anodes à changer…), et surtout beaucoup d’huile de coude !
Quel budget mensuel ?
Le chiffre qui revient souvent est 2000€ par mois. 2000€ par mois tout compris pour être en vacances permanentes ! Certains arrivent à descendre à environ 1500€ par mois, mais il faut commencer à compter ses sous en faisant les courses, en entretenant le bateau, etc.
Il y a une étude de cas détaillée dans l’excellent « Voyager handbook » (non traduit en Français) qui confirme ces chiffres – qui nous ont aussi été donnés par de vieux marins qui parcourent les océans depuis trente ans, ou par les jeunes de notre âge qu’on a croisés. Et bien sûr, ça correspond à peu près à notre expérience.
Sauf qu’à Paris, avec deux Smics (soit 2286€ nets), on ne s’en sort pas. Alors comment est-ce possible ? Mangeons-nous des pâtes tous les jours ? Pas vraiment, en fait, à mon grand dam !
Concrètement, où va l’argent ?
En ce qui nous concerne, voici nos dépenses pour Lucy (43 pieds, 200.000€ environ)
- Assurance tous risques : 1500€/an + une expertise à 855€ tous les trois ans (300€/an donc). Ce sera sans doute plus cher quand on quittera l’Europe, et il y a le problème de la transat à régler car de plus en plus d’assureurs refusent purement et simplement d’assurer les voiliers en traversée !
- Mutuelle : En France, la sécu prend en charge les très gros pépins, donc, si on est en bonne santé, on peut facilement se passer de mutuelles et économiser 100€/mois
- Assistance rapatriement etc : pour l’instant, nous sommes en Europe et n’en avons donc pas besoin, on vous tiendra au courant une fois partis !
- Travaux : 30.000€ la première année, mais on mise sur 3000€ par an en rythme de croisière, 1000€ par an et une grosse tuile à 6000€ tous les trois ans (cf plus haut).
- Consommables (filtres, huile, ampoules, anodes) : 300€/an.
- Carénage : une fois tous les deux ans, on sort Lucy de l’eau (entre 100 et 500€ selon l’endroit), et on lui applique généreusement une quinzaine de litres d’antifouling (environ 1000€). 600€/an, donc !
- Révision du matériel de sécu (survie, fusées, extincteurs) : 300€/an.
- Billets de train ou d’avion pour rentrer à la maison : 0€/an pour nous, mais c’est un choix, sauf problème grave et imprévu bien sûr.
- Ustensiles de cuisine divers : nous avons fait le choix du tout inox/bois/bambou/verre. Bref, un investissement initial de 500€ pour tout acheter, mais qui nous durera une vie si tout va bien
- Equipement de loisir : il vous faudra probablement du matériel de pêche (100€ premier prix chez Décathlon), de l’équipement de snorkeling (masque, palmes et tuba), voire de plongée (combinaison, cagoule, gants…). Et peut-être un jeu de pétanque, ou un échiquier, ou que sais-je encore. De notre côté, on a aussi acheté un piano électrique. Bref, un investissement initial mais pas grand-chose à l’horizon ensuite. On compte 200€/an.
- Nourriture : 6000€/an en France, beaucoup moins ailleurs (et les plus doués mangeront du poisson frais gratuit tous les soirs). Evidemment, il faut manger local, sinon l’addition grimpe très vite, exactement comme en vacances à l’autre bout du monde.
- Ports : année un peu particulière pour nous, puisque la grossesse de Sarah nous a immobilisés au Vieux Port de Marseille pendant presque quatre mois, à 53€ la nuit tout de même…. En rythme de croisière, on compte 2000€ par an, soit une nuit au port par semaine environ. C’est le sujet du chapitre suivant.
- Diesel : cette année, nous avons fait 3600 milles avec environ 800€ de Diesel (400 heures moteur). Sur ces 400 heures, il y a probablement une bonne centaine d’heures de manœuvres de port ou de mouillage, 150 heures de « motor-sailing » et 150 heures de motor-tout-court. Ces chiffres reflètent nos contraintes temporelles de cette année, qui nous ont maintes fois obligées à naviguer dans la pétole. L’an prochain, on compte prendre le temps d’attendre les vents favorables et dépenser au minimum deux fois moins (400€/an donc).
- Gaz : une bombonne de 13kg tous les trois mois soit 100€/an, sans compter les galères de compatibilité de détendeur… en attendant de passer à la cuisinière diesel (notre rêve).
- Essence et moteur d’annexe : notre moteur consomme 1 litre de sans plomb par heure, et demande un petit service tous les ans (vidange, changement de la turbine à eau, etc.). 300€/an environ.
- Fringues : passé l’investissement initial (veste de quart, etc.) quasiment zéro. De toute façon, là où nous sommes il fait trop chaud pour vivre habillé. Bref, on compte 200€/an (100€ chacun).
- Cosmétiques et produits ménagers : 500€/an environ. Sarah fait elle-même à peu près tout ce dont nous avons besoin (crème solaire, shampoing solide, savon liquide, lessive, produits ménagers, liniment… il ne manque que le dentifrice et le liquide vaisselle, qui pour l’instant ont été des échecs – mais elle n’abandonne pas).
- Taxes : 325€/an sous pavillon français. En gros, pour un voilier, c’est fonction de la longueur du bateau avec un abattement pour vétusté (458€ – 33% pour nous). Il faut y rajouter une taxe sur le moteur, mais elle est négligeable pour nous (28€ pour 63cv)
- Taxes locales, octroi de mer, canal de Panama etc : 500€/an (1000 € pour le canal de Panama, 0€ si on reste en Europe)
- Loisirs divers (restaurants, musées, visites touristiques, etc) : 3500€/an. Evidemment, ça dépend de vous.
- Trucs de geek (smartphone, appareil photo, drone, ordinateur, etc) : 1500€/an pour remplacer ce qui casse avec un petit extra de temps en temps.
- Laverie : 0€ pour nous puisque nous avons une machine à laver 3kg, où tout rentre sauf la couette. Mais sans machine, il vous en coûtera plusieurs centaines d’euros par an (4-5€ la machine en Europe), sans compter la place de port qui va souvent de pair avec l’opération lessive. A moins bien sûr de tout laver à la main : inenvisageable avec un bébé à bord !
- Cartes et guides nautiques : un guide par région visitée (4*40€ par an), plus les cartes routières (4*30€), + la cartographie Navionics du coin (40€), soit 320€/an
- Internet : 20€/mois en Europe, une carte SIM locale de temps en temps, on compte 200€/an environ
- Iridium : 200€/an pour deux mois de grande traversée
- Routeur météo : 600€/an pour deux traversées pour être prévenu par un météorologue professionnel si les choses se gâtent.
- Les enfants : Elaya a trois mois, donc on n’a pas vraiment de recul. On a acheté pas mal de choses d’occasion (magasin de seconde main ou Leboncoin) ou récupéré auprès d’amis : fringues, poussette, cosy, transat… J’imagine que les dépenses sont similaires à ce qu’on dépenserait à terre. Et puis il y a la demi-part fiscale supplémentaire pour nos lecteurs français. Bref, on n’a aucune idée du budget pour l’instant !
- Vétusté du bateau : 3000€/an environ. Soit un refit à 30.000€ tous les dix ans
Le total fait à peu près 25.000€ par an, en étant vraiment conservateur sur la nourriture ! Comme on a pas épluché nos comptes, on a peut-être oublié des postes de dépense, n’hésitez pas à commenter si vous trouvez des omissions, et on rectifiera !
Certains iront plus au port mais économiseront sur leurs loisirs, d’autres se paieront deux allers retours en métropole par an mais se passeront des services d’un routeur professionnel, tous les ajustements sont possibles, et évidemment les plus dépensiers claqueront 10.000€ et plus par mois.
Mouillage ou port, LE choix qui change tout
C’est un des postes de dépenses sur lequel on a le plus de latitude. Pour Lucy une place de port varie entre 15€ la nuit dans les coins paumés en basse saison, à plusieurs centaines d’euros en haute saison à New York, Calvi ou Ibiza, avec une valeur médiane à 50€ dans les endroits raisonnables en haute saison.
Beaucoup de gens vivent au mouillage et vont au port une fois par semaine pour laisser passer un coup de vent ou visiter plus en profondeur une ville, tout en en profitant pour remplir à ras bord les batteries, les réservoirs et le garde-manger, faire la lessive, jeter les poubelles, prendre une douche chaude, etc.
On peut faire totalement une croix sur les ports en faisant ses courses en annexe et en s’équipant d’un désalinisateur et d’un parc de batteries imposant, ainsi que d’un mouillage à toute épreuve, mais la dépense est importante (plus de 10.000€) et dure à rentabiliser … à moins de vouloir vraiment sortir des sentiers battus bien sûr, auquel cas la question ne se pose pas ! D’ailleurs, à l’heure ou j’écris ces lignes, notre dernier passage au port date de plus de trois semaines !
Petite astuce pour ceux que le mouillage effraie mais qui sont fauchés : partir dans la soirée d’un port permet d’être sûr d’arriver de jour dans le port suivant tout en économisant une nuit … Ou alors, embauchez un pro pour une semaine au cours de laquelle vous ferez 150 mouillages. Ce sera très vite rentabilisé !
Comment remplit-on la caisse de bord ?
De notre côté, on est plutôt privilégiés ; notre passé de csp+ nous a permis d’acheter un appart, et on a tous les deux des jobs qui nous permettent de bosser de n’importe où sur la planète : informaticien / journaliste / médecin urgentiste (oui oui, on n’est que deux).
Chaque situation est bien sûr unique, mais ne comptez pas vivre de votre blog ou de votre chaîne Youtube ; il y a beaucoup de candidats et peu d’élus. Une bonne option est de trouver un job « classique » compatible avec le télétravail (journaliste, graphiste, traducteur), quitte à se reconvertir. C’est ce qu’a fait Sarah en décrochant son master de journalisme scientifique. On croise aussi pas mal de gens qui bossent 6 mois par an pour financer l’autre moitié de l’année, parfois en faisant du charter sur leur bateau (attention à la réglementation en vigueur !), parfois carrément en hivernant le bateau !
En ce qui nous concerne, il y a les trucs qu’on aime faire et qui rapportent :
- Faire des piges pour des journaux
- Faire des gardes par-ci par-là quand la réglementation le permet (c’est là qu’on est contents d’avoir un diplôme du deuxième domaine maritime mondial)
Les trucs qu’on aime faire mais sur lesquels on ne compte pas pour remplir le frigo :
- Un grand plan de startup qui va conquérir le monde (ou pas)
- Quelques idées d’applications de smartphone qui vont nous faire faire fortune (ou pas)
- Ce blog, qui sera bientôt un des plus fréquentés d’internet (ou pas)
- Un bouquin sur notre périple qu’on écrira peut-être un jour (ou pas)
Et enfin, les trucs lucratifs qu’on sait qu’on peut faire en cas de besoin, mais qui ne nous excitent pas vraiment :
- Monnayer nos talents de bricoleurs. Potentiellement lucratif, mais il y a déjà tellement à faire sur Lucy qu’on rechigne à bricoler ailleurs. Et puis ce qui est un plaisir sur son bateau tourne vite à la corvée sur celui des autres !
- Faire du consulting informatique pour des grosses boîtes. Il parait que la conf-call en chemise/cravate/maillot de bain/tongs c’est un truc à faire une fois dans une vie …
Conclusion
Le truc dont on ne se rend pas compte quand on a le nez dans le guidon à Paris ou ailleurs, c’est qu’on a des dépenses absolument délirantes.
On y est tellement habitués qu’on ne le voit plus vraiment, mais on claque plein de sous pour des trucs qui n’ont plus aucun sens sur la route. Exit, les dix paires de jean à la mode (je mettais toujours les deux mêmes). Fini, l’abonnement à Canal+ pour regarder un match de foot de champion’s league une fois tous les deux mois. Terminé, les places de concert au Zenith à 100 balles pour passer 4h à 50m de la scène à écouter un son dégueulasse en buvant une bière à 10€…
Sans parler de tous les bidules qu’on achète alors qu’on n’en a pas vraiment besoin, style un épluche pomme spécialisé qui épluche uniquement les pommes, mais 20% plus vite qu’un économe classique ; indispensable ! Là aussi, on a totalement réduit la voilure, dans la suite du mouvement minimaliste de la « sobriété heureuse » (ci-contre) qui prend d’ailleurs pas mal d’ampleur. Quitter notre appart parisien pour rejoindre Lucy a été l’occasion de vider les placards, et le volume inutile était stupéfiant.
Et bien sûr, il y a le loyer et ce qui va avec (edf, taxe d’habitation…), les impôts (2000€ par mois de train de vie à deux, ça nous propulse dans les 53.5% de gens qui ne paient pas l’impôt sur le revenu), etc.
Dans cette société où l’on nous a conditionnés à toujours gagner plus pour toujours consommer plus, on n’arrive même plus à envisager qu’une vie différente est possible. Si vous voulez tout plaquer pour vivre sur les flots, c’est probablement possible. Ca demandera peut-être quelques années de préparation, quelques sacrifices sur votre confort quotidien, et une bonne dose de courage pour faire le grand saut. Mais ça ne vous demandera PAS un ticket gagnant euro-millions !
Article très intéressant. Merci de nous faire partager votre expérience au sujet du budget. Nombreux sont ceux qui disent que cela peut varier de 1000 euros à 3000 euros par mois sans donner plus d’information. Votre descriptif est détaillé et donne une idée plus précise. Ensuite à chacun de faire des choix pour pouvoir réaliser son rêve.
On a lu les mêmes articles il y a trois ans quand on hésitait à se lancer ! Le seul budget un tout petit peu détaillé qu’on avait trouvé à l’époque est sur le site du petit monde de Troll
Super intéressant pr les futurs néophytes 🙂
Et j’espère que nous aurons droit aux photos de ta prochaine conf-call.
J’espère honnêtement ne jamais en arriver là, mais si jamais, il y aura bien sur une photo en exclusivité sur le blog 🙂
Sur les 10% annuel d’entretien de la valeur du bateau, si on prend la vraie valeur des bateaux (les alimiums sont très surcote), je pense que c’est ce qu’il faut mettre dans son bateau pour qu’il ne perde pas de sa valeur. Ça fait 7ans que je vis en bateau et ça se confirme. Vos investissements de la première année sont normaux et vous verrez que vous en aurez d’autres équivalent en deuxième année…
C’est sur que si on définit la « vraie valeur » d’un bateau comme dix fois le coût annuel de maintenance, la formule marche à la perfection !
Blague à part, un bateau qui a navigué pendant deux ans (cad qui a déjà essuyé les plâtres du neuf) vaut deux fois plus cher que le même bateau dix ans plus tard, et il me parait improbable que le premier demande un budget maintenance deux fois supérieur au deuxième (au contraire !).
Hello,
Je viens de tomber (presque) par hasard sur votre site! Et comme je voudrais aussi franchir le pas, je me documente, je me documente! et j’essaye de construire mon projet. Les plans sont faits pour être contrariés, j’ai prévu un voyage à 1 et ce sera une aventure à 2 (2 c’est toujours de l’aventure!))) Donc pas de certitude sauf …
… que votre article qui est super intéressant remet en cause pour moi la seule certitude que j’avais: le fait d’acheter un bateau bon marché (50k €) et d’utiliser beaucoup de coude, mais 200K c’est le prix d’un Dufour 460 neuf, certe, coque en plastique mais je n’avais pas prévu le grand Nord ou le grand Sud. Je comprends la démonstration et je ne la remets pas en question mais et c’est une question indiscrète, comment avez vous pu la financer?
Bonne soirée
Gerse
Hello !
50.000€ + de l’huile de coup, ça suffit largement. En cherchant 5 minutes j’ai trouvé un 36 pieds en alu de 1985 revenant de tour du monde. Ca fait une vraie concession sur la taille (on entend souvent qu’il faut au moins 43 pieds pour ne pas être à l’étroit), mais tout est affaire de compromis, et la taille est une manière radicale de faire des économies. Tout en gardant en tête que, comme tu le dis, les plans changent parfois, et ce qui est bon pour deux ne le sera pas forcément pour quatre !
Pour le financement, j’ai vendu la petite société d’informatique que j’avais co-fondée, et ça a suffit pour acheter Lucy. Ceci dit, je connais plein de couples de notre âge qui ont une maison valant nettement plus et à qui personne ne demande en écarquillant les yeux comment ils ont bien pu la financer !
On espère que vous allez trouver vite le voilier de vos rêves en tout cas, et qui sait peut être à un de ces jours sur les flots !
J’aime bien la note d’humour sur un sujet souvent (trop) sérieux ….
C’était juste pour dire que la conf call en maillot de bain dans le cockpit (pas en hiver puisqu’on est en Europe), on connait et on apprécie beaucoup. Nos clients sont au courant, pas de problème, ça fait 10 ans qu’on fait ça. Et du coup, ça rajoute une laiterie complète de beurre dans les épinards ….. Vu qu’il y a un sujet qui n’a pas été abordé dans cet article, c’est comment ne pas finir vieux et clochard en choisissant cette vie. Ce qui est une problématique inhérente au sujet.
Bon vent à vous 🙂