« Tu ne veux pas aller voir ce qui tape à l’intérieur, ca vient de la cabine arrière je crois » ? Sarah est un peu malade, et nous passons entre deux cailloux, bref ce n’est pas trop le moment.
Clang. Il y a pas mal de mer, Lucy avance a 6 noeuds au près dans 5 Beaufort, l’étrave n’arrête pas de taper dans la houle, et forcément, même si on pense avoir tout bien calé, il y a toujours un truc qui vole.
Clang. Je descends, et referme la porte du placard de la cabine arrière. Bizarre qu’un si petit truc fasse autant de bruit.
Clang. Je cale un peu mieux la théière dans l’évier ..
Clang. Ca vient de la cabine avant. Je check les bombones de gaz fort intelligemment stockées sous notre lit, mais non, elles sont bien calées.
Clang. Cette fois, c’est sur, ça vient de la soute à voile, remplie d’écoutes, de pare battages et de voiles.. Bref, impossible, mais il faut malgré tout que j’aille voir. Gilet, harnais clipsé à la ligne de vie, et hop, direction l’étrave. Et là, frayeur, c’est l’ancre qu’un énième choc à sortie de son davier et que nous traînons a tribord. Et bien sûr, elle a attaqué la coque. Nous abattons pour remettre le bateau à plat, je fais ma dose de sport quotidien en replaçant les 50kgs en furie sur leur support, j’assure le tout avec un bout en Dyneema donné pour 5 tonnes (ça devrait le faire), et nous reprenons notre cap, direction Muxios, un peu secoués tout de même.
Pour ne rien arranger, notre pilote déconne à nouveau. Il galère un peu, et surtout il ne nous affiche plus d’angle de barre quand il est débrayé. Pas vraiment un souci en mer, mais je suis bien content que ce ne soit pas mon tour de faire la manœuvre de port. A bord, on a instauré un capitanat rotatif, chacun est chef de bord un jour, et aujourd’hui c’est Sarah qui s’y colle. Elle fera finalement une arrivée parfaite, non pas que nous soyons maintenant à un pet prêt sur la coque …
C’est l’heure de constater les dégâts, et finalement, même si le primaire et la peinture sont en piteux état sur 1m², la coque n’a pas bougé, merci l’aluminium. On a aussi un peu abîmé le rail de fargue, mais ça semble minime. Ah, et pour le pilote, le capteur d’angle de barre s’était juste débranché. Voilà, on continue à tout casser au fur et à mesure qu’on apprend, il parait que c’est normal !
J’ai eu la même mésaventure avec l’ancre sur mon bateau. Bateau en acier. Impossible de localiser le bruit que la coque résonnait partout. Et de l’arrière, impossible de ne plus voir l’ancre. Et ça ne m’était jamais arrivé en 15 ans, donc impossible à imaginer. Comme vous, merci l’acier. Tant pis pr la peinture. Ça s’est bien terminé. Juste l’envie de me mettre une claque pour cette négligence.
On ne se sentait pas très fiers non plus …c’est le genre d’erreur qu’on ne fait qu’une fois ! On essaye de les répertorier dans notre page http://www.lucyinthesea.com/retour-dexperience, mais on est encore loin du compte. Pour l’instant, on met une main de fer en patte d’oie sur les deux taquets avant, avec très peu de jeu. A terme, on envisage de remplacer notre davier par un autre équipé d’une vis de serrage ; Les gens équipés de ce système qu’on a pu croiser en étaient très contents !