Comment choisir un voilier de grande croisière 17


Etant donné qu’il y a pas mal de trucs qu’on aurait bien aimé savoir avant d’acheter, voici en vrac l’article qu’on aurait aimé lire il y a deux ans !

Fuyez le neuf …

Deux grandes raisons à cela. La première, c’est que c’est très cher. Pour prendre l’exemple d’un best-seller du secteur, un Oceanis 45 neuf vaut environ 250.000€ (hors options souvent indispensables, genre « guindeau électrique »). Le même modèle mais avec dix ans d’age ne vaut plus que 160.000€, et l’Oceanis 461 de l’an 2000 affiche 60.000€. Certes, pourriez-vous dire, mais ne vaut-il pas mieux avoir un bateau neuf ?

Pas vraiment en fait, ce qui m’amène à la deuxième raison. Même a prix égal, un bateau qui a deux ou trois ans et revient d’un tour du monde est préférable au même modèle neuf : ce qui devait casser a déjà cassé et a été réparé en plus solide par le précédent propriétaire, les petits aménagements mal fichus ont été modifiés, le nécessaire pour la croisière hauturière a été installé.

Dites-vous que dans la très grande majorité des cas les constructeurs construisent des voiliers qui vont convenir à 95% de la clientèle. On nous a rapporté une statistique sur le temps moyen que passe un voilier en France métropolitaine hors du port : 23 heures par an. Je ne sais pas si la stat est exacte, mais vous voyez l’idée, et cette idée se ressent dans tous les aspects de la conception du voilier :

  • Comme les bateaux ne sortent pas par gros temps, pas besoin de sur-échantillonner le gréement, les winches etc.
  • Comme les bateaux passent leur vie au port, pas besoin de prévoir de panneaux solaires, éoliennes, grosses batteries, déssalinisateur, etc.
  • Comme les bateaux ne font pas de croisière hauturière, pas besoin de couchette de mer, ou d’antenne satellite
  • Comme les bataux ne naviguent pas de nuit, pas d’éclairage rouge dans le carré.
  • Comme les bateaux ne font que du cabotage, pas besoin de prévoir une cuisine vraiment utilisable en mer

La liste est sans fin. Certaines choses sont faciles à corriger mais chronophages, d’autres risquent de vous coûter un bras. Et si vous n’êtes toujours pas convaincu, pensez à tous les travaux que vous pouvez faire avec l’argent économisé sur le prix du neuf …Ci-contre, un excellent livre (non traduit en français malheureusement) listant par le menu tout ce qui doit être modifié pour transformer un voilier de série en un navire prêt a affronter les océans.

Afin d’être tout à fait objectif, il y a quelques voiliers qui sont « de série » plus ou moins équipés pour le grand large, en particulier la plupart des voiliers alu (Ovni, Boréal, Allures….). Mon deuxième point est un peu moins pertinent pour ceux-là (mais reste valable), et l’argument du prix reste tout à fait d’actualité.

… Et ayez en tête les avantages de l’ancien

Un « vieux voilier » a plusieurs cordes à son arc. D’abord, et c’est assez contre-intuitif il est souvent beaucoup plus solide. Il y a 50 ans, les résistances de certains matériaux (en particulier le composite) étaient assez mal connues, et dans le doute les constructeurs n’hésitaient pas à faire très, très épais. C’est un peu plus lourd et beaucoup plus cher, et les bateaux d’aujourd’hui sont souvent nettement plus fragiles que leurs grand frères.

Autre avantage de l’ancien, la réglementation est beaucoup plus souple pour les bateaux anciens, alors que les unités récentes sont obligatoirement équipées de cuve à eau noires, doivent répondre aux normes CE, etc. Le droit annuel de francisation est aussi beaucoup plus faible  à valeur de voilier égale (abattement de 80% pour une unité de plus de 25 ans !)

Dernier point, le cachet. Les bateaux modernes ressemblent souvent à une cuisine ikea, pour le meilleur et pour le pire.

Monocoque ou catamaran ?

Le débat ne date pas d’hier, et n’est pas prêt de s’arrêter. Pour ne froisser personne, je vais tâcher de lister les avantages de chacun sans parler des inconvénients – qui seront aisément lus en creux par le lecteur attentif.

Commençons par le monocoque (tirage au sort supervisé par Sarah) :

  • il est plus sûr dans le gros temps (on a en tout cas croisé pas mal de convoyeurs pros sur des catas qui étaient de cet avis).
  • Il a l’air plus sûr dans le gros temps (en particulier, on n’a pas l’impression qu’il va se décomposer à chaque fois qu’il tape dans une vague)
  • Il remonte beaucoup mieux au vent grâce à sa quille (les dériveurs sont moins bien lotis)
  • Il demande moins d’entretien, puisqu’il n’a qu’un seul moteur, qu’une seule coque, etc.
  • Il se remet droit tout seul quand il se fait coucher, et il finit par se remettre à l’endroit quand il chavire
  • La place dans une marina coûte beaucoup moins cher, et il peut d’ailleurs se faufiler dans des ports inaccessibles à un cata.
  • On le « sent » beaucoup plus que le cata. Par exemple, on sait immédiatement quand prendre un ris à cause de la gite, alors que sur un cata, on n’a aucun indicateur tangible jusqu’à la rupture des haubans (les catas modernes sont prévus pour que les haubans servent de fusible plutôt que de retourner carrément le bateau)
  • … et bien sûr il est beaucoup plus joli, mais vous n’aviez pas besoin de moi pour vous en rendre compte

Au tour du catamaran :

  • Le carré est très lumineux, contrairement à celui des monocoques qui ressemble souvent a une grotte
  • Il a en général un immense cockpit à l’arrière, un grand trampoline à l’avant, bref au mouillage c’est le bonheur
  • Il ne roule pas, ou très peu. Là encore, au mouillage, ça change tout
  • Il est beaucoup plus facile d’y ajouter des équipements de grand voyage comme des bossoirs ou des panneaux solaires
  • Il y a beaucoup plus d’espace de stockage, mais gare à la surcharge (sur un monocoque, il n’y a pas assez de volume pour surcharger, alors qu’on voit souvent des catas tellement blindés qu’ils sont plusieurs centimètres en dessous de leur lignes)
  • Il y a deux coques donc deux espaces de vie bien distincts (pratique, en cas d’engueulade)
  • Son tirant d’eau (autour d’un mètre en général) lui permet de mouiller dans des endroits inaccessibles à un quillard
  • Il ne gite pas en navigation. A chaque fois qu’on met les pieds sur un cata, notre premier réflexe est de nous demander où ils stockent tout l’électroménager – qui jalonne le carré – lors des traversées (four à micro-ondes, imprimante, etc.). Ils ne le rangent tout simplement pas !
  • Avoir deux moteurs est assez sécurisant : ils tombent rarement en panne en même temps, surtout si l’on a pris soin d’avoir deux circuits diesels vraiment indépendants avec deux réservoirs
  • Les manœuvres de port sont plus faciles. Sur un monocoque de 43 pieds comme Lucy, surtout en version bi-safrans, le propulseur d’étrave est quasi-indispensable
  • En cas de voie d’eau, beaucoup de catamarans sont prévus pour continuer à flotter sur une seule coque. En mode ceinture-bretelles, certains modèles sont même munis d’une crash-box dans chaque coque
  • Ils vont plus vite, beaucoup plus vite (ce n’est pas un hasard si tous les records sont détenus par des multicoques)

De nôtre côté, on a choisi le meilleur des deux mondes : un dériveur intégral à salon de pont. On a tous les avantages du monocoque, mais avec en plus un carré aussi lumineux que celui d’un cata, et 1m de tirant d’eau dérive relevée. On connait aussi des catas qui fument des quillard au près, comme celui de nos amis Olivier et Chloé, muni de quilles !

J’ai essayé d’être exhaustif (et objectif), et si vous voyez des points à rajouter n’hésitez pas à commenter ci-dessous, je mettrai à jour ma liste, c’est promis !

Formule 1 ou camping-car ?

Evidemment, tout le monde veut un bateau bon marcheur, qui remonte bien au vent, mais sans ses inconvénients. Il y a des compromis à faire, et il n’y a pas de réponse universelle (sans quoi on aurait tous le même bateau), mais tout de même quelques réflexions à garder en tête.

D’abord, ne pas perdre de vue qu’on passe au final très peu de temps en navigation. En dehors des grandes traversées de plusieurs semaines (une ou deux par an), la plupart des gens font une journée de navigation pour une ou deux semaines de mouillage. Boucler une transatlantique un jour plus vite a finalement assez peu d’importance, alors qu’être a 50m de la plage au lieu de 200 change tout.

Ensuite, la tentation est parfois grande d’acheter un voilier de course et de l’aménager comme un voilier de voyage. C’est une idée séduisante, mais a priori irréalisable. Ces voiliers sont faits pour emporter très peu de charge, et les remplir à ras-bord de tout le bric-a-brac nécessaire a un tour du monde, sans parler des aménagements intérieurs, ferait perdre tout le bénéfice de leur carène. Bref, arrêtez de rêver sur les vieux IMOCA qu’on trouve d’occasion assez bon marché !

Dernier point, en grande croisière, on n’est pas pressé, et on peut donc se permettre de choisir ses fenêtres. Lucy est faite pour le portant, comme la majorité des voiliers de tour-du-mondistes. Un voilier qui remonte bien au vent reste toutefois un gage de sécurité, surtout quand on a une côte sous son vent. Tout ça est affaire de compromis : Lucy aurait fait un bien meilleur près si elle avait été moins large, ou si elle avait eu une quille, mais nous préférons son faible tirant d’eau et son grand carré !

La taille idéale

Comme le dit le dicton « un voilier est toujours trop petit en mer et trop grand au port ». On entend aussi souvent que quelque soit la taille choisie, il manque toujours 1 mètre ! En revanche, je n’ai jamais entendu un propriétaire se plaindre que son voilier était trop grand, sauf peut-être au moment de payer la nuit au port …

Au final, la plupart des voyageurs que nous croisons ont opté pour 40-45 pieds. En dehors des évidentes considérations de budget, en dessous, on manque vraiment de place, et il est vite impossible de se tenir debout. Au delà, le surcoût ne se justifie pas vraiment à notre avis pour une famille de quatre personnes. Si vous êtes plus nombreux ou si vous voulez faire du charter, pourquoi pas, mais gardez en tête que les manœuvres deviennent plus sportives, et qu’on opte en général pour un gréement fractionné ou pour des winchs électriques !

La coque

Tous les matériaux ont leurs avantages et leurs inconvénients :

  • L’aluminium est léger et solide, mais il est cher et l’installation électrique doit être parfaite, car l’électrolyse rôde. Et il est très difficile à réparer pour un soudeur du dimanche. La mode des voiliers en alu semble par ailleurs très franco-française
  • L’acier est nettement plus lourd, plus solide, moins cher, facile à réparer mais la lutte contre la rouille est une préoccupation permanente et chronophage
  • Le composite est léger, pas cher, facile à entretenir, mais mieux vaut éviter les OFNI. L’ennemi du plastique s’appelle l’osmose
  • Il existe bien sûr d’autres matériaux, comme le bois (magnifique mais un job à plein temps pour l’entretien), le carbone (si vous êtes riche et pressé), le ferro-ciment (presque aussi solide que l’acier), le contreplaqué-epoxy (plus proche du composite que du bois dans ses caractéristiques).

Au final, c’est surtout une question de budget. Ceux qui en ont les moyens s’orientent souvent vers une coque en aluminium, mais il y a des dizaines de milliers de voiliers en composite qui ont traversé les océans sans aucun problème.

Refitter ou ne pas refitter ?

Le prix d’un voilier de grande croisière prêt à partir varie beaucoup en fonction de la taille, de l’âge, de l’équipement, etc. En général, on est entre 50.000€ pour le minimum vital, et 250.000€ pour un voilier tout confort  pas trop vieux (d’occasion, bien sûr). En revanche, il semble que le prix d’un bateau de voyage laissé à l’abandon sur un chantier ne varie pas : c’est toujours environ 20.000€. Il est donc tentant, surtout si vous êtes fauchés, de vous lancer dans l’aventure du « refit ». Sachez juste que c’est très chronophage, qu’il vous en coûtera toutes vos soirées, week-ends et vacances pendant plusieurs années, et qu’il est probable que vous abandonniez en cours de route… dans ce cas, vous revendrez votre voilier …20.000€ environ. Ceci étant dit, nous avons aussi croisé des gens qui avaient réussi leur pari, et qui sans ça seraient toujours comptables ou veilleur de nuit à Paris (coucou les amis !). En bonus, ils ont appris à bricoler, connaissent leur bateau par coeur, et l’intérieur a forcément un charme incroyable.

Ayez des critères d’achat clairs !

Comme je l’écrivais à l’époque où l’on cherchait encore Lucy : Acheter un bateau sans avoir clarifié ses critères, c’est un peu comme chercher un appartement. On perd un temps fou à visiter des trucs qui ne nous conviennent pas, et on finit par se rabattre sur l’option la moins pire parce qu’on en a marre de chercher !

Parlez aux autres propriétaires !

Si un voilier vous intéresse, essayez de trouver un blog qui relate les aventures d’un voilier similaire, et posez vos questions au propriétaire ! Il sera sans doute ravi de vous répondre, et vous aurez un avis précieux sur les points forts et les faiblesses du bateau convoité. Le monde étant petit, il aura aussi peut-être dans son entourage des amis vendant un voilier qui pourrait vous intéresser (c’est comme ça qu’on a trouvé Lucy, merci encore à Carole et Daniel de Folligou)

Commencez par apprendre à naviguer

Une anecdote magique qu’on nous a racontée (et dont nous avons des raisons de croire qu’elle est vraie) : des amis ont côtoyé sur un chantier un type qui a préparé son bateau pendant deux ans, et s’est rendu compte en le mettant à l’eau que les distances en mer étaient beaucoup plus longues que prévu : il pensait rallier l’Amérique du Sud en deux jours depuis la Normandie. Bref, il a revendu son voilier pour s’y rendre en avion.

Sans aller jusqu’à ces cas extrêmes, si vous êtes grand débutant, un stage aux Glénans en « embarqué » d’une semaine vous coûtera 500€ environ, et vous donnera une idée plus précise de la vie en mer.

Sur-équipé, ou sous-équipé ?

Depuis qu’on vit sur Lucy, on passe notre temps à bricoler. Il n’y a pas de réponse toute faite, mais un bateau trop bien équipé risque de vous gâcher le voyage. Ceux qui font leurs besoins dans un seau n’ont jamais de toilettes bouchés, ceux qui n’ont pas d’eau sous pression n’ont jamais de fuite d’eau sous pression, etc. Ils font des économies, ont plus de place à bord, et ne passent pas leur vie à réparer. Certains se passent même de frigo !

Nous avons de nôtre côté plutôt fait le choix du sur-équipé, d’abord parce que j’adore bricoler, et ensuite parce qu’on est attachés à notre petit confort ; vous allez croire que j’ai des actions aux Glénans (impossible, c’est une association), mais un stage d’une semaine chez eux en embarqué est un excellent moyen d’imaginer à quoi peut ressembler la vie sur un voilier spartiate. C’est aussi ça qui nous a poussés vers les raffinements de Lucy !

Le mythe des 10% annuels de maintenance


C’est un chiffre qu’on a souvent lu : entretenir un voilier coûterait 10% de sa valeur tous les ans. C’est à notre avis totalement absurde. Par exemple un voilier en aluminium vaut trois fois plus que son équivalent plastique, mais ne demandera évidemment pas beaucoup plus d’entretien.

En réalité :

  • les coûts d’assurances varient en effet avec le prix du voilier
  • la prix des ports, la francisation, l’accastillage, le prix des voiles varient avec sa taille
  • le coût de maintenance varie avec le niveau d’équipement, et avec votre propension à tout faire vous même
  • le coût du diesel et de maintenance des voiles varie avec votre style de navigation

Pour peu qu’ils fassent tout eux-mêmes, la plupart des gens que nous avons croisés dépensent moins de 12.000€ par an en coûts liés à leur voilier (assurances, taxes, antifouling, entretien, réparations, améliorations…). Nous en parlons plus en détail dans notre article sur le budget

Cela ne dispense pas d’avoir une cagnotte pour parer aux coups durs, et il faut mieux partir sur un voilier un peu moins équipé qu’on aura les moyens d’entretenir que sur un voilier plus cher pour un voyage écourté, faute d’avoir les moyens de réparer une panne sérieuse. Les 12.000€ par ans ne sont qu’une moyenne vers laquelle semblent tendre les tour-du-mondiste voyageant sur un voilier bien équipé pendant de nombreuses années.

Ci-contre, un livre à lire absolument avant de partir, qui comporte entre autres tout un chapitre budget présentant le cas de trois familles imaginaires fort originalement appelées Simplicity, Moderation et Highlife. Uniquement en anglais aussi (désolé).

Attention à la paperasse avec les pavillons extra-communautaires

Si vous achetez un voilier battant pavillon extra-communautaire, vous allez au-devant de deux écueils :

  • la TVA (ou les taxes d’importation), qui ont fait l’objet d’un précédent article.
  • La certification CE, obligatoire pour les bateaux post-98 battant pavillon européen. Si le voilier n’a jamais été immatriculé en Europe et n’est pas construit par un constructeur européen, il y a de fortes chances pour que ce papier n’existe tout simplement pas. Dans ce cas, c’est pavillon de complaisance, ou retour à la case départ dans les recherches.

La visite

Encore un excellent livre non traduit en français. Sa lecture vous permettra de savoir où regarder, et de faire un premier tri avant de mandater un expert à 10€ le pied (c’est en général le tarif, déplacement en sus). J’en profite pour préciser qu’à moins d’être du métier (auquel cas vous n’avez pas besoin de mes conseils), ou d’acheter en connaissance de cause un bateau avec beaucoup de travaux, se passer de l’assistance d’un expert est probablement une assez mauvaise idée ! Vous aurez de toute façon besoin d’une expertise pour assurer votre voilier !


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17 commentaires sur “Comment choisir un voilier de grande croisière

  • jougla frederic

    très bon article, c’est rare
    nous avons construit 3 voiliers polaire aluminium
    naviguons au long court depuis 1999
    vous pouvez voir notre site Fredoya.com
    profitez bien de la vie au large
    peut etre à se croiser sur les flots
    Freds

    • B Auteur de l’article

      Wow, votre voilier et vos navigations font rêver ! Nous avons aussi l’intention de traîner un jour nos safrans dans le grand nord, mais il va falloir faire quelques travaux avant (500 litres de gasoil, c’est un peu juste, et bien que le pont soit correctement isolé, du double vitrage ne ferait pas de mal… Et puis il nous faut une vraie cloison étanche entre la soute à voile et la cabine avant ! ). On a hâte d’apercevoir un jour au loin le mat de fredoya !

  • pascal

    je partage entièrement ce texte : j’ai fait le choix d’acheter un océanis 46 bien équipé que j’ai payé 50 % du prix d’achat par son propriétaire.
    il est en excellent état et en deux j’ai fait deux fois plus de mile que le précédent proprio en 5 ans.
    il me reste a installer un desal , un webasto , un second pilote , un hydrogenerateur .
    avant de partir je changerai toutes les voiles , et le gréement dormant
    et voila.

    • B Auteur de l’article

      On croise pas mal d’Océanis 46 sur les pontons, je crois que ce n’est pas un hasard 🙂

      Au sujet de l’hydrogenerateur, nous avons longuement hésité et finalement décidé de faire sans : il ne produit rien au mouillage, soit 90% du temps pour nous, et en grande traversée, nous faisons de toute façon régulièrement tourner le moteur pour faire de l’eau douce et de l’eau chaude, ou bien dans la baston ou la pétole. Pour le même prix, nous avons finalement opté pour des panneaux solaires supplémentaires, plus polyvalents à notre avis. Les quelques heures de moteurs que l’hydrogenerateur nous auraient évitées en nav sont compensées par quelques heures de calme en plus dans une crique paradisiaque, pour peu que le soleil soit au rendez vous !

      Ceci dit, chaque situation et chaque voilier sont évidemment différents ! Sans notre alternateur de compétition (100A/h à 2000rpm), ou si nous naviguions plus, ou à l’ombre des hautes latitudes, on réfléchirait probablement autrement !

  • Laurent

    Bonjour, très bon article qui résume bien les aspects essentiels d’un achat. Tout part de votre programme et de ce que vous souhaitez et pouvez faire. La sélection des candidats est plus simple. J’ai mis 6 mois à trouver mon voilier, un rêve d’Antilles équipé grand voyage. Et j’en suis ravi car il répond exactement à ce qui pour moi est important sur un voilier (Qualités marines, sécurité, habitabilité dans l’ordre de priorité).

    • B Auteur de l’article

      On aurait gagné du temps si on s’était nous aussi mis d’accord des le début sur ce qu’on voulait : résultat, il a fallu qu’on visite un Passoa à l’autre bout de la France pour réaliser que le salon de pont nous était indispensable ! Pour nous, c’était plutôt sécurité – habitabilité – qualités marines.

      J’ai vu que vous étiez à Alicante l’automne dernier (incroyable, cette histoire de point de drisse de génois qui lâche, et chapeau pour le sauvetage), ou êtes-vous maintenant ? Au plaisir de peut être vous croiser cet été !

  • Lo

    Si je peux me permettre, cela fait 6 ans que je navigue sur les océans full time. Mon premier bateau était un cata de 35′ et mon deuxième est un cata de 58′. J’aurais quelques remarques sur votre article :
    – l’avantage de l’ancien en polyester ou epoxy : c’est plus costaud car l’échantillonage était bien plus important avant. On voit des sun fizz, des gin fizz naviguaient autour du monde. Je peux vous assurer qu’on ne verra plus les océanis 461 naviguaient autour du monde dans 20 ans. Leur structure sera morte. Et encore, océanis n’est pas le pire, je ne parle pas des Dufour et autres Bavaria. Et Lagoon pour les cata : 3 catas 620 neufs sont partis de France pour ralier La polynésie fin 2016. A leur arrivée, ils ont du subir un chantier de plus de 3 mois… pas mal pour des catas de 18m flambant neuf !!!
    – 10% par an de maintenance : je suis très bricoleur, en fait, audelà du bricolage, je suis devenu un professionnel de l’entretien de mes bateaux, je fais beaucoup de chose seule. Et je peux vous assurer que 10% est bien la valeur à mettre dans votre voilier d’occasion pour que sa valeur de diminue pas. Après, si vous ne mettez pas cela (et encore, en faisant beaucoup par vous-même), votre voilier conitnue de flotter mais à la revente, vous verrez le prix que vous en tirerez. Typiquement, mon 2ieme cata, je l’ai acheté la moitié de sa valeur car le propriétaire a mis zéro dollars d’entretien dans son cata pendant 4 ans, et bien, cela a suffit à faire chuter la côte de son cata.

    Mais le plus important à retenir je pense est :
    – il n’y a pas de mauvais bateau, que de mauvais capitaine
    – le meilleur bateau est celui qu’on peut se payer, l’important étant de partir en ayant assez d’argent de côté pour vivre son rève.

    Bonne route et bon vent à vous tous.

    • B Auteur de l’article

      Tout à fait d’accord sur l’échantillonnage des bateaux anciens: à l’époque, on ne connaissait pas les limites de rupture donc dans le doute on mettait 20cm d’épaisseur; c’est d’ailleurs aussi vrai pour l’aluminium. Je vais mentionner ce point dans l’article, merci beaucoup !

      Je ne suis pas forcément de votre avis sur les 10%. Le chiffre rond est attractif, mais à mon avis il ne saurait coller à la réalité d’un voilier neuf comme d’un trentenaire, d’un cata comme d’un monocoque, d’un 38 pieds comme d’un 52, d’un voilier à 20.000€ comme d’un autre 10 fois plus cher…Je vous rejoins par contre pour dire que ne pas entretenir un voilier est évidemment une aberration!

      De notre côté, nous n’avons pas encore le recul nécessaire : nous dépensons plutôt plus, mais cela inclut des grands travaux d’amélioration ou de maintenance exceptionelle (webasto, 2eme pilote, révision décennale du gréement, etc…)

  • Chloé

    Hello,
    Quelques remarques à te lire :
    – l’endroit où l’on passe le plus de temps à bord c’est le carré extérieur, je pense que ça vaut le coup de regarder de près l’agrément de vie de cet espace.
    – côté taille, nous pensons que 42 – 43 pieds est une taille minimale point de vue sécurité par rapport aux vagues en hauturier (avant même de se poser la question de l’agrément de vie).
    – côté entretien : le 10% d’entretien n’est effectivement pas une réalité mathématique, en revanche on voit trop souvent des gens n’ayant pas les moyens d’entretenir correctement leur bateau et/ou ayant sous-estimé ce poste. Concrètement, si la voile se déchire, on doit être en mesure d’en racheter une… Un bateau mal entretenu devient trop vite une épave flottante…
    – côté budget : les dépenses effectuées sur un voilier ne se retrouvent pas (ou quasiment pas) à la revente, que ça soit par exemple de mettre des panneaux solaires, un nouveau dessal, installer l’AIS, changer des batteries ou des voiles. D’où l’intérêt à mon sens d’acheter un bateau déjà très bien équipé par rapport à son cahier des charges initial.
    – côté expert maritime : s’appuyer sur un expert c’est de toute façon indispensable pour l’assurance qui vous demandera une estimation de valeur de la part de l’expert maritime (quasiment tous les assureurs de voilier).
    Espérant avoir pu contribuer au sujet,
    Chloé du catamaran GORGONA (ATAO Plongée)

    • B Auteur de l’article

      Tout à fait d’accord avec toi sauf peut être sur les vagues: il me semble qu’un monocoque peut être retourné par une déferlante du tiers de sa longueur (donc 4m pour un 42 pieds, et 3m70 pour un 39 pieds). Évidemment, plus c’est grand, mieux c’est, mais ce type de vagues étant fréquemment rencontré en hauturier, je ne suis pas certain qu’on puisse placer un curseur quelque part… Comment es tu arrivée à 43 pieds ? (ça tombe bien c’est la taille de Lucy)

      Je n’avais pas pensé à l’impact sur la cote de l’équipement, mais à la réflexion ça me paraît en effet flagrant. .. Je vais mettre à jour l’article avec cet excellent « pro-tip » !

      • Chloé

        Salut vous deux,
        Je viens répondre sur le sujet du 43 pieds avancé par Chloé (C’est Olive derrière le clavier).
        Il y a 20 ans, on estimait qu’un 35 pieds suffisait pour traverser, puis, plus le temps passe, et plus nous avons une tendance à remonter cette taille indispensable du croiseur hauturier. Une chose tend dans cette direction du toujours plus grand, c’est le fait que la hauteur moyenne des vagues dans le monde sur une année est montée d’1 mètre depuis 30 ans. Et oui, il est scientifiquement prouvé que les vagues d’aujourd’hui sont plus hautes que leur ancêtres… (Je tâcherai de retrouver le site qui va bien faisant la preuve de ce point).
        Alors oui, n’importe quel monocoque est susceptible de se faire retourner par une déferlante qui atteint le tiers de sa longueur. Malgré tout, c’est un chiffre qui requiert des situations bien précises… Le tiers, ce n’est pas énorme comme vagues… Et certains bateau sont plus « sécu » que d’autres…
        Le chiffre de 43 pieds n’a rien de scientifique mais il a été « observé sur le terrain » qu’un bateau ayant au moins cette dimension était moins malmené en mer du fait qu’il n’est pas entièrement soulevé par une vague mais déborde bien de partout, ce qui tend à atténuer les coups de butoir ressentis lors d’une navigation très dure. Cela épargne tant le navire que l’équipage sur de longues traversées.
        Après, des bateaux de 20 pieds se lancent aussi dans l’aventure…
        Pour ma part, je pense que sur une traversée bien négociée sur le plan de la météo, 10 mètres s’avèrent raisonnables pour jouer. Sur un tour du monde, et vu la charge de nos bateaux qui sont aussi nos maisons, j’avais décidé de ne pas tomber sous 40 pieds pour un mono et 43 pour un cata sur le plan de la sécurité.
        Je vais essayer de retrouver mes sources sur la taille des bateaux, même s’il n’y a rien de scientifique sur la taille en elle même.
        Bises à vous deux,
        Olive

  • Fabien

    Bonjour
    Merci pour cette excellente publication que je découvre par un lien sur le forum HEO, ce sujet m’intéressant en préparation de ma cessation d’activité pro dans 7-8 ans.
    Un point me semblerai intéressant à enrichir c’est celui de la formation à la voile surtout pour ceux non issus d’une famille de marins. Vous mentionnez un simple stage dans la principale association en Françe, cela me semble très incomplet. Une semaine , même seulement pour se faire une idée, ce n’est pas réaliste, il en faut plusieurs et en variant les conditions.
    Par ailleurs il existe une excellente filière de formation anglaise (RYA) qui à un capital de savoir éprouvé et bien rodé, et qui propose d’excellent stages de formation. Il y a aussi des nouveaux acteurs, largement aussi crédibles que les Glénans, si ce n’est plus, qui proposent des formules de stages très pertinentes comme Macif Centre de Voile, France Voile Loisir etc…
    Je pense qu’une petite page de compilation des différentes expériences de formation des navigateurs cités, apporterai un éclairage plus « représentatif » pour ceux qui ressentent le besoin de se former, surtout que vous faites preuve d’une bonne capacité de synthèse et de rédaction, et la petite touche d’humour qui va bien.
    Bravo pour votre blog et je pense y glisser quelques commentaires ou questions sur plusieurs pages.
    Fabien

    • B Auteur de l’article

      Bonjour,
      En effet, je n’en parle pas du tout 🙂 Si il y a bien un truc que je peux dire, c’est que l’apprentissage en école de voile est totalement déconnecté des besoins en grande croisière, puisqu’on y apprend des trucs totalement inutiles en voyage (comment relancer avec la GV en sortie de virement par ex) tout en faisant totalement l’impasse sur des sujets supers important (faire une vidange, au hasard).

      Je me sens assez peu légitime pour en parler puisque je n’ai pratiqué que les Glénans, et uniquement pour trois stages, mais à mon avis, la meilleur manière d’apprendre, c’est les cours particuliers sur un bateau de voyage (c’est ce qu’on a fait, 3 semaines sur des bateaux de loc puis 10 jours à bord de Lucy pour la prendre en main)

      Bon courage pour les quelques années avant le grand saut, en tout cas, et peut être à un jour en mer !