Lors de nos premières visites de bateau, nous ne savions pas vraiment ce que nous voulions. Après six mois de recherches et quelques salons nautiques, nous avons une idée un peu plus précise de nos réponses, mais surtout des questions qui vont avec. Acheter un bateau sans avoir clarifié ses critères, c’est un peu comme chercher un appartement. On perd un temps fou à visiter des trucs qui ne nous conviennent pas, et on finit par se rabattre sur l’option la moins pire parce qu’on en a marre de chercher ! Cette liste est donc partagée dans l’espoir qu’elle sera utile à d’autres personnes un peu moins avancées dans leur projet.
Un monocoque ! Certes, un catamaran va plus vite, est plus spacieux, ne gite pas, mais il a aussi ses inconvénients. Nous aimons l’apparence des monocoques, la sensation d’être posés en équilibre sur un rail au près. Et puis un catamaran prend deux fois plus de place au port, demande deux fois plus d’entretien moteur, ne se remet pas à l’endroit si il se retourne dans la tourmente … Une rapide recherche google – ou lilo, dirait Sarah – permet rapidement de se convaincre que le sujet est brûlant : par chance, nous sommes tous les deux sur la même longueur d’onde.
Au moins 1m92 de hauteur sous barrot dans le carré, soit ma taille avec 2cm de chaussures en plus (et 1cm de rab parce que j’aime bien dire que je fais 1m90…). En pratique, ça exclut généralement les voiliers de moins de 40 pieds.
1m50 de tirant d’eau maximum, ce qui nous limite en gros aux dériveurs intégraux et aux biquilles. Les biquilles sont un peu plus profonds, mais remontent mieux au vent. Et puis, une dérive relevable, c’est un mécanisme en plus à gérer/entretenir/réparer. Par contre, exit les quillards qui ne nous permettraient pas de profiter sereinement des îles du Pacifique (entre autres).
Pas (beaucoup) plus de 45 pieds, pour une multitude de raisons :
- c’est moins cher (à l’achat et à l’entretien)
- c’est moins chronophage à nettoyer et à entretenir
- ça permet de rentrer dans une place de ponton « normale ». C’est toujours quand on a le plus besoin de s’abriter que les abris sont pleins (logique)
- ça attire moins la convoitise d’éventuels pirates
- c’est plus raisonnable pour un premier bateau.
Une certification CE où une dispense. Oui, ca sent le vécu. A moins d’acheter un vieux bateau (pré juin 98), c’est indispensable pour immatriculer le bateau en Europe. Sinon, il y a toujours les pavillons de complaisance, mais il parait que c’est un coup à se faire contrôler par les affaires maritimes trois fois par jour…
Un carré surélevé et lumineux. Ce qui n’est pas un souci pour une croisière d’une semaine peut vite devenir un cauchemar quand on vit à l’année sur un bateau et qu’on aime la lumière. C’est probablement le critère le plus contraignant de notre liste, car il exclut de facto 95% des monocoques.
Un voilier d’occasion. On dit qu’une voiture perd 30% de sa valeur lors du premier km ; c’est un peu pareil pour les bateaux. D’autre part, un voilier neuf, c’est aussi tout un tas de petits soucis de chantier à régler. Bien sur, il y a le revers de la médaille : avec du neuf, aucun doute sur l’état de la coque et du moteur, et l’aménagement est sur mesure. C’est de toute façon hors-budget pour nous, et nous cherchons même des bateaux de plus de 5 ans, histoire qu’ils aient déjà bien décoté.
Une coque en Aluminium. Principalement pour être sereins en cas de rencontre inopinée avec un morceau de glace dans les régions polaires
- le bois est très beau mais très fragile et un veritable enfer à entretenir.
- l’acier est très solide mais très lourd. Et puis, il rouille.
- l’aluminium est plus léger aussi solide que l’acier (en fait, moins solide, mais il se déforme au lieu de se casser). Il ne rouille pas mais peut être victime d’électrolyse. Et il est plus compliqué à réparer. Il est aussi plus cher, et semble assez peu populaire hors de France. Peut-être que quelque chose nous échappe …
- la fibre de verre et les autres matériaux sont globalement moins chers et moins solides, tout en ayant aussi leurs propres problèmes d’entretien.
Un tour du monde pas trop ancien dans les pattes. Acheter un bateau de série et partir faire le tour du monde, c’est comme acheter une jeep et partir faire le Paris-Dakar : un peu ambitieux. Donc dans l’idéal, le gros des travaux de préparation aura déjà été fait par le précédent propriétaire. A noter l’excellent Seaworthy Offshore Sailboat de John Vigor, qui liste tous les upgrades à faire sur un voilier de plaisance avant de partir au large. La plupart des bateaux ne sortant pas plus d’une semaine par an, on ne peut pas vraiment en vouloir aux constructeurs de ne pas construire leurs voiliers pour la poignée de gens qui décident de partir à l’année ….
Un look baroudeur plutot que bling bling. D’abord parce que ca nous correspond plus, et aussi pour ne pas trop attirer l’attention. Se balader avec un yacht rutilant au Venezuela, c’est un peu comme se balader avec un iPhone neuf à minuit dans une rue mal famée…
Si possible, un équipement qui correspond à ce qu’on recherche. Pour nous, la liste est assez courte : un système de chauffage, un propulseur d’étrave et un portique. Le reste est suffisamment peu onéreux et facile à installer pour qu’on ne s’en préoccupe pas pour l’instant ; d’autant plus qu’on a pas vraiment une abondance de choix une fois appliqués les autres critères !
Si possible, qu’il soit en Europe, histoire d‘éviter les allers retours en avion à l’autre bout du monde, aussi bien pour notre porte monnaie que pour la planète !