Il parait que si l’on attend d’être prêt, on ne part jamais. Evidemment, si l’on part avant d’être prêt, la loi de Murphy veille. Bref, il faut faire un subtil arbitrage. Bref, ça fait deux mois que nous sommes à la Trinité sur Mer en train de préparer Lucy aux grandes traversées qui l’attendent.
Si nous sommes coincés ici, c’est à cause du port d’Hoëdic, une des trois îles de la baie de Quiberon. Il y a Belle-Ile en Mer, qu’on ne présente plus, et désolé pour ceux à qui j’ai mis la chanson dans la tête, Houat, avec son immense plage, et Hoëdic, la plus petite et la plus sauvage des trois. L’ile est petite, et le port est à l’avenant. Quand nous y arrivons pour la première fois, début aout, Lucy est de loin le plus gros bateau, et bien sur le port est blindé, haute saison oblige. Il y a un peu de vent, et on sent que la manœuvre va être sportive. Notre propulseur d’étrave le sent aussi, et choisit ce moment pour nous lâcher. Nous sommes donc en galère, en train de pousser notre moteur pour rester tant bien que mal à bonne distance de la digue et des autres voiliers.
‘Va chercher la grosse Bertha », entend-on un rasta hurler sur un petit saké que l’on frôle. Ils sont vraiment bizarres par ici. Finalement, nous réussîmes haut la main notre manœuvre d’arrivée, passâmes un très bon moment sur l’île, et vous ne voyez pas le rapport avec la trinité sur mer.
Le rapport, c’est Xav. La grosse Bertha, c’est son pare-bat préféré. Et Xav, c’est un préparateur nautique qui vit dans un bus, ou bien à la campagne avec sa copine et son âne, on ne sait pas trop. Et comme le gars nous aborde dix jours plus tard au port, et nous bombarde de conseils divers, on décide d’en profiter pour rester à la Trinité sur Mer pour bricoler. Après deux mois de travaux, nous voilà donc début octobre, le bateau n’est pas prêt, il ne le sera jamais, et nous partons demain.
Nous avons installé un deuxième pilote automatique pour suppléer le premier. Les pilotes sont les équipiers rêvés, ils barrent 24h sur 24 et ne se plaignent jamais, mais il paraît que 5% des pilotes installés rendent l’âme tous les ans. Lorsqu’Antoine nous a aidés à remonter le bateau du Portugal, ca a été un de ses trois « reproches » sur Lucy, les deux autres étant le manque de redondance des réservoirs d’eau et de diesel. Nous avons sympathisé avec l’équipage de Dame Jane, qui embarque pas moins de 4*750l de Diesel dans ses soutes. Ca fait réfléchir, mais ce sera pour une autre fois !
Nous avons aussi un chauffage pour affronter sereinement les rigueurs du Nord (même si nous allons au sud, je sais, je sais). Et puis des panneaux solaires supplémentaires, ce qui nous amène à 380 watts théoriques, c’est-à-dire, 25 ampères en théorie, et 3 ou 4 en pratique. Je veux bien qu’on soit en octobre et que nos panneaux ne soient pas parfaitement orientés, mais tout de même, je crois qu’on a loupé un épisode. On a aussi une éolienne faignante qui ne tourne que quand on la lance à la main.
Ah, et comment ai-je pu oublier le tiroir du piano. Xav nous a fait un grand tiroir pour ranger notre piano. C’était une idée de Sylvie & Bruno, qui ont ça sur leur super Maramu, on s’est mis en tête de faire pareil (enfin, de faire faire pareil a Xav), Une journée de taf a-t-il décrété. C’était sans compter sur les dimensions un peu maousse de notre clavier, ou sur les dimensions un peu étriquées du tiroir, coincé qu’il est contre le compartiment de dérive. Je suis sur qu’a cause de nous, Xav multiplie dorénavant toutes ses estimations de menuiserie par deux.
L’ Iridium pour prendre la météo et rassurer nos mamans est branché, le gréement est révisé (merci à Xavier d’Atelier Cable pour ses précieux conseils. Si vous avez besoin d’un gréeur dans le coin, c’est là qu’il faut aller), et tous les petits bobos vraiment urgent sont réparés.
Bref, nous partons demain. Nous ne sommes pas prêts, mais raisonnablement quand même, et il y a une fenêtre météo de 3 jours qui s’annonce. Nous visons Qijon, mais pousserons jusqu’à la Corogne si le vent nous le permet. Prochain article depuis l’Espagne si tout va bien.